Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/428

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— Linérès, Mme Pariset, M. de Chazelet, victimes comme nous !

Elle a été comprise. Ceux qu’elle vient de nommer sont tirés des groupes, amenés près de la jeune fille qui, à cet instant effroyable, trouve encore le loisir de songer à leur salut.

Grace Paterson a déjà profité de l’ahurissement général pour se faufiler au milieu des défenseurs si inopinément survenus. Les bandits hésitent. L’indécision de leur chef les paralyse.

Sa main s’étend vers l’Indienne ; dans un effort de tout son être, d’un ton brisé, surhumain, il dit :

— Marahi… emmène ceux que tu devais sauver.

Il a appuyé sur l’avant-dernier mot. Dans son intonation, il y a une sorte de fatalisme. Le fatidique c’était écrit des Arabes étreint son vouloir.

Les bandits murmurent. Alors, il a un ressaut d’énergie. Son bras se lève, une détonation sèche claque dans l’air, et von Foorberg qui grondait plus haut que les autres, s’affale sur le sol, la tempe trouée d’une balle.

— Vous êtes là pour obéir… Chiens, obéissez !

Et, sans se désunir, formant une sorte de bataillon carré, dont les victimes de Jemkins occupent le centre, les Indiens, les lads, gagnent la porte, ils sortent, ils disparaissent, tandis que peones et bandits, jugulés par la terreur, dévorent en silence leur rage impuissante…

Le jour est revenu. Le vallon, dominé par les pentes au flanc desquelles se creusait le temple Aztec, offrait ce matin-là un aspect animé.

Les Indiens Mayos de Marahi, les lads d’Allan campaient pêle-mêle au fond du ravin de Oro, et vers les cols y donnant accès, se discernaient des postes armés veillant à ce que le bivouac fut à l’abri de toute surprise.

Autour d’un feu qui pâlissait aux premières clartés du jour, la petite Suzan et Tril causaient, attentivement écoutés par leurs camarades Top et Fall, et aussi, semblait-il, par le dogue Storm et le singe Zinka, dont les yeux aimants ne quittaient point la fillette.

Par le sentier accédant aux rives du ruisseau desséché de Oro, deux forces humaines se déplaçaient, se rapprochant du campement.

Les gamins, abritant leurs yeux de la main, regardèrent.