Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/65

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time atteinte, renversée, il ne restait rien, nulle trace, nulle présomption.

Au fond le marquis avait peur pour celle à laquelle il se dévouerait, et son état d’esprit se montra tout entier dans cette phrase murmurée à mi-voix :

— Après tout, je me ferai tuer… Pour commencer… comment vais-je me présenter chez ces dames ?

Tout à ses réflexions, il se laissa entraîner par Morand.

Il se retrouva avec son ami, au pied de la tour de fer.

Lerenaud et l’Américain lui serrèrent la main.

Il ne remarqua point que ce dernier avait prononcé son nom avec une affectation évidente. Allan, du reste, demeura en arrière, tandis que M. Lerenaud promettait à Morand de le revoir le lendemain au Cercle militaire.

Et la main de l’inventeur rencontra celle de l’un des gamins qui avaient assisté à la montée des personnages invités aux expériences, et qu’une curiosité décidément tenace avait retenus jusqu’à la descente.

Il y eut comme un vague chuchotement.

Quand M. Lerenaud vint rejoindre Allan, les galopins étaient déjà loin, mais un observateur eût pensé qu’ils suivaient Morand et Pierre.

Cette idée eût bientôt été confirmée, car les deux amis ayant arrêté une voiture, le gamin, que ses camarades avaient appelé Tril, se coula presque sous les roues pour entendre l’adresse jetée au cocher.

Après quoi, il vint rejoindre ses camarades.

— C’est à la légation d’Espagne ! Bob, va prévenir les autres, qu’ils soient de ce côté-là ; place Malesherbes et à l’angle du boulevard de Courcelles ; aux stations des tramways, on ne remarque pas quand on stationne là.

Bob partît en courant.

— Toi, Fall, à la légation. Si, par hasard, ils sortaient trop tôt, les suivre et laisser l’avis à ceux du boulevard de Courcelles.

— Et toi ?

— Moi, je vais rejoindre le « Roi ». Il décidera.

Sur ce, les gamins se séparèrent et, tout petits dans la grande cité, s’enfoncèrent en des voies opposées.