Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/67

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S’il présentait une voyante, on pouvait augurer qu’aucune tricherie charlatanesque n’était à redouter.

Ce puissant manieur d’argent ne s’abaisserait point au rôle de bateleur.

Et la confiance en lui s’étendait à la Peau-Rouge Marahi.

Introduite par un homme aussi sérieux, la voyante apparaissait sérieuse. Qu’allait-elle dire durant son sommeil hypnotique ?

Des attachés de la légation, adroitement interrogés, avaient conté à vingt personnes, sous le sceau du secret, que la voyante et son introducteur occupaient un petit salon, soigneusement clos, à l’extrémité de l’enfilade des salles de réception.

À onze heures et quart exactement, ils se montreraient.

Telle était l’attente générale que l’on ne faisait plus attention à deux femmes, dont la présence à la réunion avait quelque peu déconcerté les assistants.

On s’était étonné, avec un semblant de raison, que Mme la comtesse de Armencita et sa fille Linérès se montrassent ainsi, alors que les incidents tragiques, auxquels leur nom avait été mêlé, s’étaient produits si récemment.

Cela indiquait, ou un grand courage, ou une inconscience coupable.

Six morts ou blessés, six fiancés hors de combat en peu de semaines, cela équivalait bien à un veuvage, avaient affirmé les fanatiques de « convenabilité ».

Ce à quoi les personnes plus tolérantes avaient répondu, en faisant remarquer que les victimes s’étaient proclamées elles-mêmes fiancés de Linérès, sans qu’elle les eût agréés d’aucune façon, et que dès lors elle ne devait aucune concession à leur mémoire.

Maintenant, les uns et les autres oubliaient leur querelle.

Et cependant Linérès, sa mère, avaient pris place en face de la porte du petit salon, au premier rang des curieux.

La comtesse, avec son visage très brun, aux traits accusés, n’éveillait guère de sympathies, mais Linérès rayonnait d’éclatante beauté. Il devait y avoir bien des jalousies cachées sous les critiques formulées naguère contre elle.