Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/86

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remplacer par un « pneumatique » adressé à Allan et conçu en ces termes :

« Impossible dîner. Retenu par affaires graves. Passerai prendre café avec vous. »

De là le tumulte accueillant son arrivée si impatiemment attendue.

M. Lerenaud était grave ; il serra les mains tendues vers lui. Le café servi, il attendit que la porte se fût refermée sur le domestique, puis la voix abaissée, il laissa tomber cette phrase :

— Messieurs, le septième a prié Mme de Armencita de le recevoir ce soir. À cette heure, il doit se préparer à se présenter devant la comtesse, car il lui a été répondu fort gracieusement par l’invitation de prendre le thé avec ces dames.

Mais, arrêtant le murmure provoqué par cette déclaration :

— Si je vous dis cela, c’est que je suis assuré qu’il ne se produira aucun incident fâcheux. Mmes de Armencita affirmeront au postulant que Mlle Linérès est décidée à ne se point marier, et à quitter Paris sous peu de jours.

— Quitter Paris ?

— Oui, cette malheureuse enfant, persuadée qu’elle est la cause involontaire de tant de malheurs, veut disparaître, s’ensevelir dans la retraite, vivre oubliée.

— Et nul ne sera reçu, ce soir, à l’hôtel de Armencita ?

Tous les yeux se fixèrent sur Pierre de Chazelet qui venait de parler.

Le marquis était calme, mais certaines contractions du visage décelaient une émotion dissimulée à grand’peine.

Tout le jour, il avait vécu dans l’espérance de voir Linérès, de se faire agréer par la comtesse, et la porte de l’hôtel de la rue François-Ier serait défendue !

— Personne, sauf le capitaine Anoru, attaché militaire à l’ambassade japonaise, neveu du ministre de la Guerre de Tokio.

Ce fut un concert d’éloges.

— Comment ! ce gentil garçon !

— Peste ! Il est courageux !