Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/94

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Sur une table légère de marqueterie, le thé était servi, refroidi maintenant dans les tasses.

Et, tout près, renversé dans un fauteuil, une forme rigide se devinait.

— Le capitaine Anoru… présenta le chef de la Sûreté.

Il actionnait en même temps les boutons électriques d’allumage… Une clarté aveuglante remplit la salle, et Allan eut une exclamation étouffée :

— Il est mort… comme vous l’annonciez au cercle.

— Absolument, le pauvre diable ! Le capitaine Anoru, de l’armée japonaise, neveu du ministre de la Guerre de Tokio, a été frappé au front, il y a une heure, d’une balle de revolver, là, à l’endroit où son corps se trouve en ce moment.

En effet, sur le front poli, légèrement teinté d’ambre, un petit trou noir s’apercevait, d’où avait coulé un filet de sang qui sillonnait la face ainsi qu’une large balafre, et allait se perdre dans le col de l’habit.

— Qui a fait cela ?

À la question, attendue sans doute, M. Lerenaud répliqua par une mimique si claire, que l’Américain grommela, avec une nuance d’impatience :

— Vous ne savez pas ? Vous n’avez aucun doute, aucun soupçon ?

— Non.

— Pourtant une détonation, dans cet hôtel, à une heure où les domestiques n’étaient point couchés…

M. Lerenaud eut ce sourire si particulier que tous les Parisiens connaissent.

— Justement, ils prétendent n’avoir rien entendu.

— C’est invraisemblable.

— Certes, mais il y a plus invraisemblable encore.

— Quoi donc ?

— Je vais vous le dire.

Et, se penchant vers son interlocuteur, le chef de la Sûreté continua :

— Regardez bien autour de vous. Le petit salon a deux ouvertures… La fenêtre donnant sur la cour d’honneur, et dont les contrevents de tôle avaient été fermés dès le déclin du jour ; la porte communiquant avec le salon de réception, porte que tous déclarent avoir été fermée, tandis que l’on servait le thé ici…

— Eh bien ?

— Eh bien, cher monsieur Allan, si ces renseignements sont exacts, il est impossible que l’assassin ait