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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Lui-même s’étonne de l’ardent désir qui le tenaille. Par sans-fil, Jud Allan, son « roi » lui a ordonné de retrouver Von Karch, disparu après les événements sinistres qui ont frappé François de l’Étoile. Quelle apparence que le chauffeur ait un rapport quelconque avec l’espion allemand ?

Depuis des semaines, le petit guette inlassablement avec ses amis, et rien, pas un indice, n’est venu le mettre sur la voie de celui qu’il cherche.

Pourquoi serait-il plus heureux aujourd’hui ?

D’un geste brusque, il secoue la question découragée.

D’un regard volontaire, il parcourt la façade des bâtiments, qui enserrent la cour sur trois côtés. Toutes les croisées sont closes, sauf une seule, située au premier étage. Les yeux du gamin se fixent sur l’ouverture. Il murmure :

— Un, deux, quatre, cinq… Cinq ! Mais c’est une fenêtre du cabinet du chancelier lui-même.

Il ne distingue qu’un angle de la pièce qu’il vient de désigner. Il faut suivre la lisière du parc pour en voir une plus grande partie.

Et déjà, se courbant, il cherche un endroit plus propice à l’observation, quand il se redresse brusquement.

Il vient de voir, dans le cabinet du chancelier, un bras qui s’agite en une démonstration, et ce bras est recouvert d’une manche en poil de chèvre.

— Le watman est là, chez le prince chancelier ! Oh ! Oh !

Le petit murmure ces mots. Une teinte rouge s’est brusquement plaquée sur ses joues. Ses yeux brillent étrangement. Il reprend le mouvement interrompu un instant plus tôt, et tout en se glissant entre les buissons, il grommelle :

— C’est donc un personnage, ce mécanicien. Alors, sa tenue serait un déguisement. Il faut être sûr de cela ; il faut en être sûr.

Il est arrivé à un endroit d’où, s’il était à la hauteur du premier, il s’en rend compte, ses regards embrasseraient le cabinet presque tout entier. Oui, mais il n’est pas à la hauteur du premier étage.

Ceci ne saurait l’inquiéter. Un arbre se dresse auprès de lui. Il étreint le tronc noueux, se hisse, atteint la croisée des branches, disparaît dans le feuillage.

Rien n’a bougé. Personne n’a remarqué l’audacieuse escalade.

Tril, certain à présent d’être à l’abri des indiscrets, s’allonge sur une grosse branche, rampe ainsi qu’un lézard. Il traverse l’écran feuillu qui lui dissimule la vue des bâtiments, et enfin, abrité encore par un mince rideau verdoyant, il peut couler un regard dans le cabinet.