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LE VOLEUR DE PENSÉE.

disparut, des rides contractèrent ses traits, donnant à sa face large l’apparence d’un mufle de tigre irrité. Dans ses yeux s’alluma une lueur rouge, et, à voix basse, les dents serrées, il gronda :

— Nous avons essayé de la douceur, Marga : ne vous émotionnez pas ; nous avons encore la violence.


Comme il achevait, son mécanicien entra.

Il s’interrompit net :

— Il y a de quoi écrire, heureusement… Prévenez notre mécanicien. Je rédige deux dépêches ; nous les expédierons de Châlons. Ici, inutile d’appeler l’attention.

Déjà, il s’était assis auprès d’une table, sur laquelle se trouvait tout ce qui était nécessaire à la correspondance. Sa plume courut sur le papier, traçant ce télégramme énigmatique :

« Hendrick, 73, Wilhelmstrasse-Berlin-Allemagne. — Impossible réussir affaire no 1. Passons à combinaison no 2. Respects. Von Karch. »

Puis il prit une seconde feuille et écrivit ces lignes :

« Liesel Muller. Pension de famille Villeneuve. Rue d’Auteuil, Paris.

Oncle Léopold arrive une heure matin. Bonne surprise vous voir à descente du train. Une heure, gare de Lyon. Compliments. »

Il signa cette seconde dépêche : Victor Karal, nom d’emprunt qui, par suite d’un hasard voulu sans doute, avait les mêmes initiales que son nom réel.

Puis il sécha l’encre humide à l’aide d’un buvard, plia soigneusement les papiers, les glissa dans sa poche. Comme il achevait, son mécanicien entra.