LA DERNIÈRE REPRISE DU DUEL
— Fichu service, lieutenant.
— Fichu, c’est le mot, Herr Tafsen !
— Voilà quatre jours que nous surveillons cette endiablée lagune de Progreso, et l’équipage est exténué.
— Bon, je le pense comme vous. Nous disposons de 40 marins : chacun des deux canots, en occupe dix… Total douze heures d’aviron par jour… C’est trop vraiment, c’est trop !…
— Oui, mais c’est l’ordre de Herr Von Karch, lieutenant.
— Je m’incline… Seulement, tout en obéissant, il m’est bien permis de regretter la rade de Campèche où nous aurions été si tranquilles sans cette incompréhensible dépêche qui nous a fait revenir à Progreso.
Herr Tafsen et son second échangeaient ces répliques dans la nuit tombante, sur le pont du vapeur Fraulein.
Le télégramme de Pétunig les avait touchés à Campèche, leur enjoignant de gagner Progreso à toute hélice et d’établir une souricière à l’orée du fleuve souterrain.
En ce moment, les matelots, qui allaient relever les canots, de service durant la journée, embarquaient, et tout en surveillant l’opération, les deux officiers se confiaient l’agacement d’une consigne immobilisant tout le personnel du navire.