Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/190

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— En effet, pour moi, voilà l’important.

— Cela se fera, soyez tranquille.

Et, quittant le ton de persiflage, le comte Pozzo di Borgho appela :

— D’Artin !

— Me voici.

— Nous quittons Saint-Dizier dans une heure, avec l’armée de Blücher.

— Bien, les voitures sont prêtes.

— Parfait !

— Où allons-nous ?

— Vers Brienne, où nos troupes se réuniront à celles du prince de Schwarzenberg, de ce cher prince que Metternich retient à présent, et qu’avant peu il poussera sur Paris avec tant de fougue que nous aurons du mal à le suivre.

— Je le souhaite, comte.

Sur un signe de d’Artin, les gardiens de Lucile l’entraînèrent vers l’ouverture où s’était engouffrée tout à l’heure l’escorte d’Alexandre.

Marc Vidal fut conduit par le même chemin, et la cour redevint déserte, de nouveau envahie par le silence et par la nuit.

Cinq minutes se passèrent, puis deux ombres sortirent du couloir reliant les ruines au logis Fraisous.

— Ils sont partis, murmura l’une, d’une voix légère comme un souffle.

— Oui, tous.

— Ils vont à Brienne.

— J’ai entendu.

— Eh bien, toi, Henry de Mirel, retourne à ta chambre.

— Non, Espérat, non, emmène-moi avec toi, ne m’abandonne pas.

Le gamin, qui, ainsi que son jeune compagnon, avait assisté à l’entrevue de Lucile et du Czar, réfléchit une seconde.

— Après tout, tu as raison. Arrive.

— Où allons-nous ?

— Toi, tu resteras avec mon ami Bobèche à Héricourt.

— Et toi ?

— Je vais à Châlons où je verrai l’Empereur.

Ce mot sonna dans les ruines avec une ampleur étrange dont Henry fut impressionné.

— Tu lui parleras de moi, dis,… demanda-t-il, pris d’une émotion indéfinissable ?

— Parbleu ! Seulement, assez de conversation, en route.