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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/197

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— Je ne sais pas. Il me semble que le comte est menacé d’un grand danger, je veux être là pour le défendre.

Le commandant du corps d’armée toisa son interlocuteur :

— Vous allez vous faire tuer.

— Possible, répliqua le brave enfant avec insouciance. Si cela arrive, envoyez un autre messager à Sa Majesté. Qu’au récit de la bataille, il ajoute : Espérat est mort en criant : Vive l’Empereur !… De cette façon, Napoléon sera content.

Et sans attendre de nouvelles objections, le fils adoptif de M. Tercelin s’éloigna au galop.

Il dépassa les pièces de campagne qui tonnaient, et dont les boulets s’enfonçaient dans les murailles des maisons du faubourg de Saint-Dizier.

Les Russes s’étaient retranchés là, avaient percé des meurtrières, et accueillaient les assaillants par un feu nourri.

Balles, biscaïens, boulets, sifflaient, ronflaient autour du gamin ; il ne s’en apercevait même pas, tout à son idée de rejoindre la compagnie de Rochegaule.

Quel sentiment le poussait ? Il n’eût pu l’expliquer, mais invinciblement il se sentait attiré par la masse sombre qui montait vers les barricades russes.

Son cheval l’emportait rapide comme le vent. Des blessés restés en arrière lançaient un cri d’appel ; des morts étendus en travers du sentier étaient franchis par le coursier.

Et brusquement Milhuitcent eut une exclamation d’angoisse.

Des escadrons ennemis, débouchant à l’improviste d’un petit bois, chargeaient la colonne d’assaut.

Alors, sans réfléchir, le gamin déchira de ses éperons les flancs de son cheval, traçant ainsi des sillons sanglants, et l’animal, hennissant de douleur, bondit, en avant comme une flèche.

Les fantassins avaient aperçu l’ennemi. Ils lui avaient fait face, et le couvraient de projectiles.

Mais le comte de Rochegaule, un instant séparé de ses hommes, était entouré par un groupe de cavaliers, bondissant en tous sens.

Milhuitcent accéléra encore la course de son cheval. Son pistolet — cette arme ne l’avait pas quitté, — son pistolet à la main, il arriva ainsi qu’une trombe parmi les assaillants. Dans la mêlée, il aperçut un sabre levé au-dessus de la tête du comte et fit feu. La lame s’abattit sans avoir frappé.

Et, au même instant, les cavaliers tournèrent bride, poursuivis par la