Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/222

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— Oh ! bourreaux !

— Il fera son devoir en admettant l’accusation qu’aucune preuve n’infirme.

— C’est…

— La mort… Fusillé sera Marc Vidal… Et vous songerez trop tard qu’il vous suffisait d’accepter le nom d’Enrik Bilmsen, d’un pauvre garçon qui subirait avec joie vos moindres caprices,… pour arracher au trépas le malheureux officier qui tombera, percé de balles, au pied du mur de la ferme Éclotte.

Dans le fauteuil, la jeune fille s’était pelotonnée, les bras repliés sur la figure, comme si elle ne voulait plus voir, plus entendre.

Et de Humboldt conclut avec une froide cruauté :

— En rendant le dernier soupir, Vidal songera à vous qui, par crainte de vous sacrifier, l’aurez envoyé au sacrifice.

Puis lentement, scandant les syllabes, les faisant pénétrer ainsi que des coins d’acier dans le cerveau de l’infortunée :

— Vous avez trois jours pour prendre une résolution. Ce délai passé, il sera trop tard.

Elle ne répondit pas. Tout bas elle sanglotait, secouée par des spasmes douloureux.

Enrik Bilmsen fit mine de s’approcher d’elle ; le délégué prussien l’empoigna rudement par le bras et le poussant devant lui, l’entraîna au dehors.

La porte retombée sur lui, Humboldt gronda :

— La demande en mariage est faite dans les termes les plus convenables. Toi, et nos amis, êtes trop remplis de scrupules, vous ne savez point parler aux demoiselles. Il était temps que je m’en mêle. Réjouis-toi,