Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/225

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— Un ami… qui… ? J’ai donc encore un ami… bredouilla Lucie se rassurant peu à peu ?

— Oui… un ami que l’Empereur a chargé de veiller sur vous.

— L’Empereur !…

Elle eut un cri de reconnaissance éperdue… À l’heure où les souverains du monde s’acharnaient contre son bonheur…, l’Empereur, lui, étendait sur elle sa main tutélaire ; il lui envoyait un défenseur.

Précipitamment elle courut à la porte, poussa le verrou, puis s’emparant d’une carafe posée sur la table qui occupait le milieu de la pièce, elle en vida le contenu sur la bûche flambante.

Une épaisse fumée emplit le foyer, déborda dans la chambre, mais avant qu’elle fût dissipée, un corps solide la déchira et Espérat Milhuitcent sauta sur le plancher, en éternuant :

— Mademoiselle, j’ai l’honneur de vous saluer. Pardonnez-moi de pénétrer auprès de vous par ce chemin,… je n’avais pas le choix.

Et comme elle regardait le jeune garçon qu’elle ne connaissait pas, il reprit :

— Espérat Milhuitcent, fils adoptif du maître d’école de Stainville présentement messager de l’Empereur.

— Vous, vous, fit-elle, un enfant…

Le gamin se dressa de toute sa hauteur :

— Un enfant qui, caché dans les ruines de l’Abbaye, à Saint-Dizier,