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CHAPITRE IV

Évasion et parade


Minuit !

Selon les ordres des généraux alliés, le couvre-feu est sonné depuis deux heures. Des patrouilles circulent lentement par la ville, s’assurant que nulle lumière ne brille dans les logis, qu’aucun habitant n’est debout.

À l’auberge du Cheval Blanc tout dort ou semble dormir. Les volets sont clos. La place du Saint-Voile est déserte, aucun bruit. De temps à autre un craquement se fait entendre. Ce sont les charpentes qui gémissent sous l’action du froid.

Car la gelée redouble. On dirait que l’hiver veut tuer le pays, déjà ravagé par la guerre.

Une patrouille de cavalerie traverse la place ; les sabots des chevaux résonnent sur la terre ; dans l’ombre vibrent des froissements d’acier ;

Puis les cavaliers s’éloignent, évoluent devant la ferme Éclotte qui fait face à l’hôtellerie et s’engouffrent dans une rue latérale.

Le silence règne de nouveau ; un silence morne, désolé, qui fait songer au mutisme sacré des nécropoles.

Alors les volets d’une fenêtre du rez-de-chaussée tournent doucement, s’appliquant sur la façade de l’auberge du Cheval Blanc ; une silhouette humaine saute sur la place, paraît prêter l’oreille :

— Tiens.

L’ombre fit quelques pas :

— Personne.