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CHAPITRE XV

L’Église du Saint-Voile.


Le pope avait conté ce qu’il savait. Le désastre était plus grand encore. Lorsque Lucile avait paru à la fenêtre du presbytère, Enrik Bilmsen, les commissaires du Congrès, présents à la scène, avaient fait reposer les armes au peloton d’exécution.

Puis ils s’étaient rendus auprès de la jeune fille, et Enrik l’obligeant à regarder sur la place, lui montrant Marc Vidal debout en face des soldats, lui avait dit :

— Jurez sur la croix d’être ma femme, et il ne mourra pas.

Affolée elle avait juré.

Alors, le capitaine fut reconduit à sa prison.

Pour elle, on la ramena à l’hôtel des Cloutiers, d’où Espérat l’avait tirée naguère.

Enrik, rassuré par sa promesse, s’était empressé de communiquer les papiers de Joséphine à M. de Metternich qui, enflammé de colère à leur lecture, avait cessé brusquement de pousser à la conciliation. Dans une entrevue orageuse, le diplomate autrichien décida l’Empereur François à oublier que sa fille Marie-Louise était impératrice de France. Schwarzenberg, en vertu d’ordres formels, se porta sur Troyes, puis sur Arcis, avec toute l’armée de Bohême. Les soldats disparurent de Châtillon et des environs.

Quelques détachements demeurèrent seuls pour garder le prisonnier de la ferme Éclotte, la captive de l’hôtel des Cloutiers.

Les jours s’écoulèrent. Lucile reculait sans cesse l’exécution de son fatal engagement ; mais les événements se précipitaient. Le Congrès se séparait, Caulaincourt rentrait à Paris, les délégués de la Sainte-Alliance rejoignaient leurs souverains respectifs.

Bilmsen, resté seul à Châtillon, instamment rappelé par M. de Metternich qui suivait l’armée en marche sur Paris, Bilmsen résolut de précipiter le dénouement.