Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/329

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Il se présenta devant Lucile, et lui annonça que si le lendemain, dernier délai, elle ne l’accompagnait pas à l’autel, il lui serait impossible de retarder davantage la mort de Vidal.

Et Mlle  de Rochegaule consentit à l’hyménée.

Le jour vint où d’Artin la fit vêtir en mariée, la poussa dans une voiture où se trouvaient déjà des témoins.

Dans la rue régnait une animation inaccoutumée. Les habitants étaient tous dehors.

Ils voulaient voir cette Française que l’on contraignait à épouser l’Allemand Enrik Bilmsen.

Ils saluaient ce carrosse d’hyménée comme un char mortuaire, ayant l’impression qu’il contenait une âme morte. Confusément, à travers les glaces, Lucile voyait cela. Mais le sens des démonstrations demeurait caché pour elle.

Immobile, raide, le faciès d’une statue, figée en une attitude froide et fatale, on eût dit qu’elle était absente, étrangère à tout ce qui se passait.

Pourtant, en arrivant sur la place du Saint-Voile, elle eut une lueur.

Au milieu de l’espace libre, un groupe de cavaliers entourait un homme à pied, et cet homme portait l’uniforme des soldats de Napoléon.

Elle le reconnut :

— Marc Vidal, murmura-t-elle.

— Lui-même, répondit d’Artin. Savez-vous ce qu’il fait là, auprès d’un cheval tout sellé ?