l’ennemi… cela devait être… l’Europe ne peut moins faire qu’honorer les Français qui agissent contre leur patrie.
Et Berthier, qui s’était tu un moment, poursuivit :
« À notre tour, nous prîmes le chemin du château de Bondy. Alexandre me reçut avec courtoisie, mais me déclara nettement qu’il ne traiterait pas avec Votre Majesté.
— Nous verrons cela, fit ironiquement l’Empereur.
« Le jeudi 31 mars,… Alexandre, le roi de Prusse et le prince de Schwarzenberg sont entrés dans Paris, suivis de 50.000 hommes, portant tous le brassard blanc. Dans le faubourg Saint-Martin, sur les boulevards, la foule était silencieuse, farouche, presque hostile ; mais en arrivant près la place de la Concorde, des royalistes acclamèrent les vainqueurs.
— Oui, grommela Napoléon… Pour le roi, des Français crient : Vive le Russe, vive le Prussien, vivent les ennemis ! Et la France… personne n’y songe.
« Très adroit, du reste, Alexandre flatte l’amour-propre des Parisiens, il affirme que jamais ses troupes ne seraient entrées dans la capitale, si la population, lasse de votre gouvernement, ne l’avait permis. Et la population lui devient sympathique, à ce vainqueur qui affecte de croire qu’il n’a pas remporté la victoire, mais qu’elle lui a été offerte par les vaincus.
— Oui… il est habile.
« Ici se place un incident qui démontre que M. de Talleyrand conduit tout. Tandis que le Czar passait la revue de ses troupes, il reçut un billet anonyme dont l’auteur est certainement l’homme néfaste de la rue Saint-Florentin.
« Sire, disait en substance ce papier, avec une magnanimité qui fera l’admiration des siècles futurs, vous avez refusé d’établir votre logis aux