Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/378

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Tuileries, ainsi que vous en aviez le droit. Vous avez décidé que vous occuperiez le palais de l’Élysée. Eh bien, un homme de cœur tient à vous avertir… L’Élysée est miné… y entrer c’est aller à la mort.

Napoléon interrompit le lecteur et s’adressant à Espérat.

— Quel intérêt avait M. de Taillerand à rédiger cette lettre ?

— Vous l’allez voir, Sire.

— Ah !… Va donc, Berthier.

— « Alexandre quelque peu inquiet envoie aussitôt consulter M. de Talleyrand. Celui-ci répond que le renseignement lui paraît émaner d’un fou ; que toutefois on ne saurait prendre trop de précautions pour sauvegarder l’existence précieuse de l’Empereur de Russie, et qu’à cet effet, si le souverain y consentait, il mettrait à sa disposition son hôtel de la rue Saint-Florentin qui n’était pas miné, lui, il en était sûr.

— Et Alexandre devint l’hôte de ce bon M. de Taillerand, dit lentement Napoléon. Voilà un hôte compromettant. Il sera difficile après cela de nier la trahison.

Mais Berthier lisait toujours :

— « À peine arrivé rue Saint-Florentin, Alexandre s’enferma avec le roi de Prusse, M. de Schwarzenberg, Talleyrand, M. de Dalberg, le baron Louis et le général Dessolles. Ils tinrent conseil et tombèrent d’accord que le seul gouvernement possible désormais pour la France était celui des Bourbons. Séance tenante, ces hommes préparèrent la proclamation qui devait, le lendemain, être placardée.

« En voici la copie :

« Les armées des puissances alliées ont occupé la capitale de la France. Les souverains alliés accueillent le vœu de la nation française.

« Ils déclarent :

« Que si les conditions de la paix devaient renfermer de plus fortes garanties lorsqu’il s’agissait d’enchaîner l’ambition de Bonaparte, elles doivent être plus favorables, lorsque par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira des assurances de repos.

« Les souverains alliés proclament en conséquence :

« Qu’ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte, ni avec aucun membre de sa famille ;

« Qu’ils respectent l’intégrité de l’ancienne France, telle qu’elle a existé sous ses rois légitimes ; ils peuvent même faire plus, parce qu’ils professent toujours le principe que, pour le bonheur de l’Europe, il faut que la France soit grande et forte ;

« Qu’ils reconnaîtront et garantiront la Constitution que la nation