Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/379

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française se donnera. Ils invitent par conséquent le Sénat à désigner un gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l’administration et préparer la constitution qui conviendra au peuple français.

« Les intentions que je viens d’exprimer me sont communes avec toutes les puissances alliées. »

« Signé : Alexandre.
« P. S. M. I. (pour sa Majesté Impériale)
« Le secrétaire d’État :
xxxxxxxx« Comte de Nesselrode.
« Paris, le 31 mars 1814, trois heures après midi.

En lisant ces lignes, la voix de Berthier tremblait. M. de Bassano s’était soulevé à demi et, les yeux dilatés, écoutait avec un mélange de colère et de tristesse.

L’Empereur seul demeurait impassible :

— Voilà, dit-il lentement, qui me lavera de toutes les accusations dans l’avenir. Au moment où la Sainte-Alliance vient de décider qu’elle durera vingt années, qu’elle entretiendra pendant ce temps 300.000 hommes contre la France, au moment où elle réduit le pays aux frontières de la royauté elle parle de sa tendresse pour la nation française, elle permet à celle-ci de se donner une constitution. Admirable en vérité. Je t’aime, ô France, dit Alexandre, aussi je te fais petite, et je t’interdis de choisir Napoléon, car il représente pour toi la victoire possible.

Et doucement :

— Allez, allez, Berthier, le rapport de Caulaincourt est clair, je tiens à le connaître jusqu’au bout.

Le maréchal poursuivit aussitôt :

« Cette rédaction achevée, le roi de Prusse se retira et se rendit à l’hôtel du prince Eugène[1].

« Trop tard pour empêcher l’accord, je réussis, moi, Caulaincourt en compagnie d’Espérat, à me faire admettre en présence de M. de Talleyrand. Cet homme s’est montré inflexible. À tout ce que j’ai pu lui dire, il a répondu : L’heure de l’Empereur est passée ; Napoléon est devenu impossible.

— Je le reconnais là, souligna l’impérial auditeur.

« Au moins, reprit Berthier, le prince avoue son hostilité en termes

  1. Cet hôtel devint plus tard la Légation de Prusse.