Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/74

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— Moi veux pas être François, Joseph, Charles… Moi, Poléon, comme toi… moi soldat… moi à l’armée de la guerre.

Les baisers redoublaient :

— C’est cela, railla nonchalamment Marie-Louise. Encouragez-le à devenir un grand tueur d’hommes.

Il la regarda sans répondre, blessé une fois de plus par cette femme qui, sans méchanceté aucune, prononçait sans cesse des paroles cruelles.

Un léger mouvement des épaules trahit seul sa pensée et enlevant son fils à bout de bras, il le fit sauter en l’air à plusieurs reprises, à la grande joie du roi de Rome qui riait aux éclats.

— Maintenant, vous allez le chiffonner, s’écria Marie-Louise.

Et grondeuse, elle avait donné à la Viennoise Lisch’ l’ordre d’emmener l’enfant.

Mais Napoléon serrait le petit sur son cœur.

— Non, non, laissez-le-moi un moment encore. Avant peu, vous l’aurez tout à vous, Marie-Louise. De sombres nouvelles me sont arrivées ce matin…

— Chez Mme  Joséphine, interrompit-elle en pinçant les lèvres.

Ah ! c’était là l’objet de querelles fréquentes. La jeune Autrichienne ne comprenait pas que l’Empereur fut resté l’ami de la femme détrônée.

— Oui, chez Joséphine, articula nettement Napoléon, chez Joséphine que je ne pourrai voir demain et que j’ai saluée après avoir rempli le même devoir auprès de Mme  Lætitia, ma mère.

— Oh ! minauda-t-elle, je ne suis point jalouse.

— Vous auriez tort de l’être, Marie-Louise. Cette amie dévouée, que vous accusez sans cesse, s’occupait à défendre notre trône menacé par l’Europe.

— Encore des histoires politiques.

— Il le faut bien quand les armées de votre père sont prêtes à envahir le territoire français.

— Eh bien, faites la paix.

— La paix. Vous ne comprenez donc pas ce qu’ils veulent. Enlever à la France la frontière du Rhin, la Belgique, l’Alsace, les provinces rhénanes.

Elle secoua la tête avec insouciance :