Elles obéirent.
— Et jurez que rien ne brisera notre alliance. Nous voulons arriver à la vérité, nous voulons arriver à la délivrance de ceux que nous aimons, de ceux qui nous aiment.
— Je jure, fit Mona d’une voix ferme.
— Je jure, redit la brune Lotus, d’un accent où vibrait encore son irritation.
— Allons donc, le serment d’Uri liait trois hommes, et le tyran Gessler succomba… Le serment de Kiao-Tcheou lie trois jeunes femmes, je ne donnerais pas un centime de la puissance du seigneur Log.
Mais toutes trois se turent. Un bourdonnement montait de la rue.
Elles coururent à la fenêtre. En face, le long des maisons, c’était un grouillement d’hommes, des messagers s’élançaient en courant vers les extrémités de la voie. Et de la foule montait, incessamment répétée, cette exclamation incompréhensible :
— Les feux verts ! Les feux verts !
Les nouvelles alliées s’interrogèrent du regard, et soudain elles demeurèrent stupéfaites. Par la croisée donnant sur le jardin, une lueur d’un ton d’émeraude pénétrait dans la chambre.
— Qu’est-ce que cela ?
Sara traversa la salle, gagna la fenêtre éclairée.
— Les feux verts ! redit-elle.
Et ses compagnes l’ayant rejointe, elle leur montra au loin, dominant les arbres du jardin, deux bûchers aux flammes vertes, qui semblaient flamber en plein ciel.
— Un météore ! murmura Mona non sans une nuance d’effroi.
Mais Lotus-Nacré secoua la tête.
— Non… un signal.
— De qui ?
— Je l’ignore.
— Mais qui signifie quoi ?
— Je n’en sais rien… seulement, en ces pays, un ou plusieurs feux allumés sur les hauteurs sont toujours des signaux… Qui a jugé ceux-ci utiles ?… Mystère.
— Il n’y a pas de doute, prononça la duchesse… Les gens qui emplissent la rue… gens que nous ne devions pas voir, puisqu’un narcotique…
— C’est vrai.