Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Maître du drapeau bleu.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Yes, je suis le corps de Nabucho Fullfull !

— Et moi, Ruthie, qui ai marié moi-même contre lui.

— Les autres sont des imposteurs !

— Des outlaws (hors la loi, vauriens), qui ont dérobé le car, marchandises, habits, et mis nous-mêmes dans des cordes serrées pour l’empêchement de nos mouvements !

Leurs dires étaient exacts. Amenés par la panthère noire à peu de distance du campement de leur ennemi, Dodekhan et Lucien n’avaient rien trouvé de mieux, pour pénétrer dans le caravansérail occupé par Log et ses fanatiques, que de troquer leur personnalité contre colle des « mercantis ».

Ceux-ci, délivrés par des passants, s’étaient aussitôt élancés à la poursuite de leurs « cambrioleurs » ; c’est ainsi qu’ils désignaient les jeunes gens, que des relations trop brèves ne leur avaient pas permis d’apprécier à leur juste valeur. Près de Ma-Peï, des veilleurs, installés en sentinelles par le chef des Masques d’Ambre, voulurent les arrêter.

De là, discussion et coups de revolver, qui attirèrent Log, San et les curieux rassemblés autour de l’estrade.

Aux premiers mots du ménage Fullfull, le chef des Masques d’Ambre avait eu l’intuition d’une menace dirigée contre lui. À toutes jambes, il était revenu sur ses pas, entraînant dans son sillage mercantis, badauds, Esprits Noirs, et il arrivait dans la cour du caravansérail, juste à temps pour apercevoir le chariot disparaître à un angle de la route, au milieu d’un nuage de poussière.

— À cheval ! hurla-t-il d’une voix qui n’avait rien d’humain. Cent taëls à qui arrêtera ces coquins !

— Cent taëls ! Cent taëls ! répétèrent les assistants.

Il y eut un brouhaha… Chacun courut à l’endroit où il avait abrité sa monture. Cris, jurons, hennissements emplirent l’auberge de la bruyante cacophonie des départs, puis des avertissements se croisèrent :

— Place ! place !

Et une cinquantaine de cavaliers, en peloton serré, s’élanceront à fond de train sur la route.

En tête, Nabucho et Ruthie, plus irrités que tout le monde, car c’était leur maison, leur magasin ambulant, qui était le prix de la chasse. En arrière,