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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

des Diables (Koueï) de la nuit. Il aurait dû aller voir ceux du Feu Jaune au sommet du Fils du Jour. Il voudrait réparer sa faute, mériter ton pardon. Il croit avoir à prononcer des paroles agréables à tes oreilles ; daigne les entendre.

— Soit, j’écoute, consentit négligemment le seigneur Log.

San redressa son buste mais demeura agenouillé :

— Demain, as-tu dit, Maître… demain tu conduiras un parti de guerriers vers Ki-Lua ; tu occuperas les sommets du Fiancé de la Nuit, du Fils du Jour, et quand les ténèbres seront revenues, tu feras le signal rouge annonçant aux hommes d’Indochine que l’heure de la vengeance a sonné.

Lentement Log inclina la tête.

— Or, poursuivit son interlocuteur ; en partant, tu emporteras une inquiétude. La garde qui veillera autour du sanctuaire de Lin-Nan-Lien sera moins nombreuse… Dodekhan, ses complices seront libres… Du fond de leur asile, ils continueront sans doute à préparer leur évasion.

Et comme le chef des Masques d’Ambre menaçait le vide d’un poing irrité :

— Il serait mieux que tes adversaires fussent en ton pouvoir.

La phrase n’était pas terminée que Log se trouvait debout.

— Chien, gronda-t-il, es-tu venu pour me railler ?

— Je suis venu pour offrir au Maître le moyen de prendre, cette nuit même, ceux qui se croient à l’abri de sa colère.

Sur les traits du chef s’exprimèrent le doute, la surprise, la joie hésitante… Puis d’un ton radouci :

— Si tu as trouvé cela, j’oublierai que tu as mal exécuté mes ordres.

San aurait pu protester. Il avait bien exécuté les ordres du seigneur Log. On ne pouvait raisonnablement le blâmer des manœuvres d’adversaires inconnus. Mais il ne jugea pas à propos de discuter et paisiblement :

— Lin-Nan-Lien couvre les fugitifs de son droit d’asile.

— Les Pavillons Noirs eux-mêmes se révolteraient contre moi si je tentais pareille chose.

— Si tu tentais ouvertement, Maître. Les boud-