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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

trouvé le moyen de dénouer les liens qui ligotaient ceux-ci.

On arriva aux gorges. San fut envoyé en avant. À son retour, le misérable lança ces paroles :

— Avance sans crainte, Maître, la Française ne donnera pas le signal aux soldats barbares.

Tous s’étaient regardés. Quel signal ? Le signal de quoi ? Dodekhan avait murmuré :

— Un défilé, cela se défend par des barricades ou par des mines.

Or, on le constata bientôt, aucun obstacle ne coupait le ravin de Ki-Lua. Aucun être armé n’apparaissait sur les crêtes. La conclusion logique était qu’il existait des mines que les Français avaient la faculté de faire exploser à distance.

Puis sur un plateau dominant le passage, Lucien et ses amis avaient aperçu les jeunes femmes, le vaste parasol rouge.

À l’heure tragique, la petite duchesse ne se trompait pas, M. de la Roche-Sonnaille ne la quittait pas des yeux.

La sente serpentait entre deux murailles, où les caprices des convulsions géologiques avaient amalgamé des couches crétacées et granitiques, parsemées de basalte.

La diversité de résistance aux agents destructeurs de ces roches dissemblables avait produit son effet ordinaire. Le basalte était demeuré intact, le granit avait subi une minime usure, les craies s’étaient affouillées, diluées sous l’action des eaux, creusant, dans la masse, des cavités, des couloirs, tantôt spacieux, tantôt réduits aux dimensions de simples terriers.

— Fameuses cachettes, grommelait Joyeux d’un air entendu.

Et aux prisonniers, il répétait sans cesse ce mot :

— Attention ! attention !

— Attention ? chuchota Sourire. Qu’est-ce que tu entends par là ?

— J’entends que, le signal donné… il faut nous jeter dans le trou le plus proche… c’est la seule chance de salut…

— Tu en parles à ton aise. Personne ne le connaît, le signal.

Il plaisanta :

— C’est évidemment quelque chose de pas habi-