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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

D’un coup de talon, Dodekhan écrasa une touffe d’herbes :

— Rien autre à faire… Qui sait !

Et, entraînant Mona qui, brisée, marchait comme en rêve, il murmura :

— Oh ! la sauver !

Lucien, d’un dernier effort, courait vers l’arbre, emportant cette compagne dont le malheur lui avait révélé l’âme vaillante. L’arbre était un ranila, sorte de gommier géant, dont le bois poreux semble plier sous le poids des feuilles.

Le tronc avait près de trois mètres de diamètre, mais ses branches noueuses, toutes infléchies vers la terre, en rendaient l’escalade facile.

Au prix d’efforts assez grands, les deux hommes parvinrent à hisser leurs compagnes à quelques pieds du sol, et immobiles, retenant leur haleine, emprisonnés dans une sphère de feuillage qui, ils l’espéraient, les déroberait à la vue de leurs ennemis, ils attendirent.

Les lueurs parcourant la forêt devenaient plus distinctes.

Des cris, des appels indiquaient que les émissaires de Log, disposés en ligne, opéraient une véritable battue.

Bientôt, des silhouettes humaines s’agitèrent parmi les arbres, puis des hommes brandissant des torches débouchèrent dans la clairière.

Ils la traversèrent lentement.

Plusieurs s’arrêtèrent un instant autour du gommier… fouillant sa fouillée de regards perçants ; mais, sans doute, ils jugèrent improbable que les fugitifs eussent cherché là un abri et ils continuèrent leur route.

— Ils sont passés, murmura Dodekhan lorsque les derniers porteurs de torches eurent disparu sous les arbres.

— Mais ils reviendront.

— Nous ne serons plus là. Nous allons retourner au sentier. Ils y ont laissé leurs chevaux et sans doute des hommes pour les garder. Il faut les attaquer à l’improviste, sauter en selle, et fuir en poussant devant nous les animaux que nous n’utiliserons pas.

Le jeune homme s’arrêta en voyant son interlocuteur secouer la tête.