Avec une insouciance dédaigneuse, le jeune homme haussa les épaules.
— Faites ainsi qu’il vous plaira.
Il tendait les poignets.
Sur un signe du géant jaune, les Hindous les emprisonnèrent étroitement dans un lacis de cordelettes, puis San ordonna :
— À la salle d’audience !
Le premier, il prit place sur le tour, qui évolua avec un froufroutement léger.
Des cris étouffés disent la joie douloureuse de se revoir.
— Dodekhan !
— Mona !
— Sara !
— Lucien !
Les quatre prisonniers garrottés sont l’un près de l’autre dans une salle spacieuse, au plafond orné de figures de la légende brahmanique, aux murailles partagées en panneaux par de graciles colonnettes, entre lesquelles se tendent ainsi que des banderoles des arabesques précieuses.
De larges baies, protégées par des stores de pourpre à demi relevés, permettent aux regards de se reposer sur un jardin ombreux, où gazouillent des eaux courantes.
Un instant, ils oublient tout, leurs angoisses passées. Puis, Mona parle doucement :
— Comment sommes-nous ici… Le savez-vous ?
Le Turkmène tressaille. Oui, il le sait… Il dit ce qu’il a appris… et son désespoir et son découragement. Comment lutter maintenant ?
Sara proteste. Elle n’est plus la Parisienne jetée par le hasard d’un gracieux voyage de noces dans une farouche aventure de races. Non, peu à peu les émotions, les incidents subis pour une cause qui n’était point sienne autrefois, ont fait naître en elle une conviction, un désir invincible de vaincre celui dont proviennent tous ses maux.
Elle ne veut pas que le Turkmène accepte la défaite… Elle ne se souvient plus que sa résistance entraînera sûrement la tristesse pour Mona.
— Ah ! gronde-t-elle, ce misérable Log peut nous supprimer, il ne doit pas nous faire courber la tête.
Et Lucien la regarde, surpris, émerveillé. C’est elle,