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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

La gentille Russe s’était levée, elle se penchait sur la balustrade.

— Père ! père ! appela-t-elle.

Le général Labianov reconnut la voix aimée ; il interrompit une conversation en cours et regardant Mona.

— Qu’y a-t-il, mon enfant ?

— Tante Olga arrivée… je retourne à l’hôtel…

— Je suis venu sur ma bicyclette, Fräulein (Mademoiselle), dit tout bas le « chasseur », mais j’ai amené une vigilante (voiture) qui attend à la grille.

— Bien ! En ce cas, va, ma chérie… à ce soir.

Légère comme un oiseau, Mona Labianov enveloppa sa petite amie nippone d’un joli sourire et s’élança dehors, suivie par le groom de l’Hôtel des Indes.

Sans un mouvement, Sara avait assisté à cette scène rapide.

Quand la porte retomba, elle eut un sursaut ; ses mains se crispèrent sur sa poitrine ; ses yeux se fixèrent sur Mlle  Lotus-Nacré avec une expression de détresse et de douleur.

— C’est à mon tour maintenant, fit-elle, à mon tour !…

Elle marqua un geste de résolution, se pencha en avant comme pour adresser la parole à la mignonne Japonaise qui, restée seule sur la première banquette, s’efforçait de se consoler du départ de sa compagne en observant les congressistes… Mais elle se rejeta en arrière :

— Non, non ! gémit doucement Sara… Ce Log est un misérable ; cela est sûr… C’est trop horrible d’être une pourvoyeuse de victimes… je…

Elle s’arrêta net… Un papier roulé venait de tomber sur ses genoux.

— Qu’est cela ?

Ses yeux cherchèrent… personne ne semblait s’occuper d’elle… et pourtant ce papier… quelqu’un l’avait lancé… Mais qui ?

D’une main tremblante elle le prit, le déroula.

Ses yeux se troublèrent à l’apparition de cette ligne funèbre tracée sur la feuille froissée :

« La maison Scriedamoon livre le deuil de veuve en seize heures. »