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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

me laisser m’expliquer à ma guise, sans m’interrompre. Quand J’aurai achevé, vous déciderez à votre guise. Est-ce entendu ?

De la tête, le Turkmène acquiesça à la proposition.

Le duc promena un regard d’une infinie douceur sur le Maître, dont les joues avaient revêtu une pâleur livide, sur Mona, sur Sara, dont les yeux agrandis par la surprise, et aussi par l’émotion, l’interrogeaient, puis il reprit :

— Deux points distincts sont à discuter. D’abord, faut-il, oui ou non, céder à la volonté de Log ?

Dodekhan instinctivement secoua la tête pour nier.

— Ne répondez pas encore… Le second point est celui-ci : Dodekhan ayant accédé aux désirs de son adversaire, celui-ci tiendra-t-il les promesses faites ?

— Cette seconde question, déclara Mona d’une voix assourdie, n’a d’intérêt qu’autant que la première serait résolue.

Mais négligemment, Lucien laissa tomber ces mots :

— Tel n’est pas mon avis. Tel est si peu mon avis, insista-t-il, que je vous prie de me permettre d’éclaircir ce second point avant toute chose, et de réserver le premier… Je tiens à vous déclarer que, moi, personnellement, je crois à la bonne foi absolue du seigneur Log…

Et devant les signes de dénégation de ses interlocuteurs :

— Ne protestez pas… inutile ! Je conçois que ma confiance ne commande point la vôtre. En revenant vers vous, j’ai réfléchi à cela, et je pense avoir trouvé une combinaison qui vous assurerait l’exécution intégrale des engagements pris à votre égard.

Quoi qu’ils en eussent, les prisonniers eurent un éclair dans les yeux… Leur intérêt se réveillait, Lucien le constata avec une secrète satisfaction.

— Le seigneur Log, continua ce dernier après une pause, bien qu’adversaire de notre ami Dodekhan, a pour son caractère une estime particulière. Je me porte donc garant qu’il ne repousserait aucune des conditions formulées par notre ami, si celui-ci engageait simplement sa parole de révéler les secrets désirés, une fois ces conditions remplies.

— Oui, mais cette promesse ? gronda le Turkmène.

— Chut ! chut ! nous y viendrons tout à l’heure. Pour l’instant, J’admets votre parole donnée… La mise en liberté pour nous, Mlle Mona, ma femme et