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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— C’est toi, Mona… ta tante t’accompagne sans doute.

La blonde Russe secoua la tête et d’un accent mécontent :

— Il n’y a pas de tante, père… Je ne sais qui s’est livré à cette plaisanterie déplacée… Mais à l’hôtel, on ne sait pas ce que je veux dire… on prétend n’avoir expédié ici aucun chasseur…

— Pourtant celui qui est venu ici ?…

— M’a fait monter en voiture, et a filé sur sa bicyclette… disparu, envolé !

— Nous éclaircirons cela ce soir… Pour le moment, j’ai plus graves idées en tête.

Et le général retourna auprès de ses collègues, tandis que, boudeuse, renfrognée, Mona venait reprendre sa place devant Sara.

— Tiens ! fit-elle entre haut et bas… Où est donc Lotus-Nacré ?

— À Scheveningue, modula une voix à son oreille… À Scheveningue, où elle compte se rencontrer avec celui dont le portrait est sous la montre que supporte le serpent.

— Avec Dodekhan ! Ce disant, Mona fixait son regard bleu, plein d’éclairs, sur Sara qui avait répondu à sa question.

Incapable de parler, celle-ci inclina la tête en signe d’assentiment.

— Lui, lui… reprit la jeune Russe, dont le teint s’animait, dont toute la personne exprimait une émotion extraordinaire… à Scheveningue, mais où, en quel endroit ?

— J’ai entendu le serviteur qui est venu la prier de le suivre… celui dont il parlait est en mer, sur un steamer qui stationne en face de la jetée… Une chaloupe devait y conduire…

Mona n’écoutait plus.

Elle s’était précipitée vers la sortie et avait disparu. Une douleur nouvelle, inconnue, la jalousie, lui donnait des ailes.

Quant à Sara, elle demeurait à sa place, livide, éperdue ; des larmes lentement glissaient le long de ses joues qui lui causaient l’impression étrange et troublante de s’être soudain pétrifiée.

Mais des exclamations jaillissent de toutes les lèvres. Toutes les têtes sont levées, les regards disent l’étonnement.