À sa Profonde surprise, les nouvelles venues poussèrent des cris de joie en l’apercevant.
Et avant qu’elle eût repris son sang-froid, la Russe et la Japonaise s’inclinaient gentiment devant elle en disant :
— Madame la Duchesse, enchantées de refaire votre connaissance.
Elle crut rêver. Toutes deux continuèrent :
— Nous savons ce que nous vous devons… —
Ah ! vous savez ?… réussit à bégayer Sara…
— Et aussi, poursuivit imperturbablement Mona, que, d’accord avec nos familles et nos gouvernements, vous nous avez dirigées sur ce navire.
— Ah ! ah !… d’accord avec vos familles, répéta la duchesse.
Et, à part, elle murmura :
— Qu’est-ce que Log leur a raconté ?… Il est fou, cet homme jaune… On prévient les gens, au moins.
— Nous savons enfin, compléta la gracieuse Nippone, que vous consentez à être notre compagne, notre guide jusqu’à Kiao-Tcheou.
— Jusqu’à Kiao-Tcheou, en Chine ? clama désespérément la jeune femme.
— Parfaitement… Kiao-Tcheou, province de Chan-Toung, territoire cédé à l’Empire d’Allemagne, et sur lequel nous nous rencontrerons avec M. Dodekhan, le Maître du Drapeau Bleu.
Sara retint avec peine un cri imprudent :
— Dodekhan, pas besoin d’aller si loin… il est à bord.
Mais le sentiment d’un danger formidable planant sur ces enfants, sur Lucien, sur elle-même, lui donna la force de questionner d’un ton paisible, encore que son cœur sautât dans sa poitrine.
— Et une fois M. Dodekhan rencontré ?
— Il choisira de Mona ou de moi, fit Lotus-Nacré en souriant.
— Il choisira ?
— Son épouse… celle qui, avec lui, commandera au Drapeau Bleu ; celle qui assurera à sa patrie une situation privilégiée en Asie… Là-bas, du reste, chacune de nous retrouvera son père, car nos chers papas se dirigent sur Kiao-Tcheou par la Russie et le Transsibérien. Ils seront arrivés avant nous.
Sara regarda le duc. Celui-ci roulait des yeux effarés.