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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

prêtre de Bouddha, je m’habille ainsi que les pasteurs venus d’Angleterre.

Lao-Tésu est grand admirateur de la civilisation européenne. Sa souveraine le sait. Aussi elle n’insiste pas.

— Je t’approuve, ô bonze… Tu es un sage. Mais ta venue m’a fait espérer des nouvelles…

— L’espoir de la Fleur Auguste, Sourire de la Vie du Mikado, est un avertissement des Esprits Roses (bons génies). Le télégraphe sans fil du Fousi-Yama a parlé toute la nuit.

— Le sans-fil ?

Nonobstant l’étiquette nippone qui prescrit aux grands l’immobilité, l’Impératrice a fait un pas en avant. Sa tête s’est détournée pour permettre à ses yeux de jeter par la croisée un regard à la montagne géante, au manteau de neige, qui borne la vue à l’ouest.

Et tout au haut de la cime elle croit distinguer une ligne menue, maintenue par des filins et qui se découpe sur le ciel clair.

C’est l’antenne du sans-fil qui, perchée sur le piédestal montagneux, élève sa pointe à près de quatre mille mètres, et permet ainsi de communiquer avec tous les points du globe. Une telle antenne rend la distance indifférente.

Ici encore dans leur imitation, les Japonais ont dépassé ceux qu’ils imitent.

— Le sans-fil ? répète l’impératrice.

— Oui, Étoile Verte des Douces Attentes… Et non pas une courte dépêche, mais bien une longue lettre que les heures obscures de la nuit ont été à peine suffisantes pour transcrire.

Lao-Tésu a tiré de sa poche plusieurs feuilles d’un papier transparent et moiré, sur lequel s’alignent non pas l’écriture au pinceau des sujets du Mikado, mais bien les caractères à la plume des Occidentaux, ceux que nous appelons les caractères latins.

— C’est un véritable « dossier ».

— Oui, Fille du Dragon rose des Soleils Levants.

— Et cela nous est envoyé ?

— Par Log !

— De Log ?… de lui ?… Où est-il ?

— Au milieu de l’Atlantique sur le « mixte » Maharatsu.

— Sur le « mixte », fit l’Impératrice, la voix