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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

« Et ce jour-là, je parlai ainsi :

« — Je suis le chef des Padmé Om, des Mad, des Lad, et des Ghad. Un homme est venu à moi… Il a réuni sous son autorité, en une formidable et mystérieuse confédération, toutes les sociétés secrètes d’Asie. En Chine, en Sibérie, dans l’Inde, l’Indochine, la Perse, la Russie d’Europe même, des millions d’hommes lui obéissent.

« Son père d’abord, lui ensuite, ont consacré leur vie à former ce formidable groupement.

« Sachant la vénération que nous inspirons, nous les Graveurs de Prière, il m’a proposé d’être le premier après lui.

« Son nom est Dilevnor, ou encore Dodekhan.

« Il est originaire du Turkestan et se dit fils de rois[1].

« Son but est de débarrasser l’Asie des étrangers, de la faire libre de ses destinées ; c’est la doctrine américaine de Monroë appliquée au continent asiatique : l’Asie aux Asiates !

— Tout cela est exact, murmura l’Impératrice pensive… Ce sont bien là les paroles de Log, mais il en a prononcé d’autres…

— Il les rappelle, Azalée des Rives de Corail, il les rappelle.

Et le petit bonze européanisé reprit sa lecture :

« Étant donné, d’une part, l’éloignement et les tendances pacifistes de l’Europe ; d’autre part, les moyens dont dispose la formidable confédération d’Asie, Dodekhan pense avec raison pouvoir amener les Français, les Anglais, même les Allemands, à abandonner les territoires qu’ils occupent actuellement.

« Mais deux peuples lui paraissent par leurs tendances, leur proximité, menacer ses projets : les Nippons, les Russes.

« Ceux-ci peuvent mobiliser rapidement, jeter des armées, des flottes nombreuses sur l’Asie libre en formation ; Dodekhan, lui, ne veut pas de maître, ni blanc, ni jaune, pour ceux qu’il émancipe.

  1. La tradition prétend que les Turkmènes descendent d’une seule famille de rois. Ils se disent tous frères et issus de rois.