Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/135

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— Et elle ne regrettera pas le voyage en wagons de luxe, avec séjour dans les meilleurs hôtels ?

Elle secoua sa tête expressive.

— Ce n’est pas là ce que je regretterai ; toi non plus, du reste.

— Qu’est-ce donc ?

— Qui est-ce, devrais-tu dire ? Et je réponds : Sika.

Les deux syllabes sonnèrent dans le silence de la chambre, comme la modulation mélancolique d’une plainte. On eût cru qu’une âme de cristal pleurait.

Du moins, telle fut l’impression de Marcel, car il resta là, une pâleur subite épandue sur ses traits, les yeux troubles, et il répéta inconsciemment :

— Sika !

Le nom de douceur signifiait l’aveu au rêve ébauché.

— Oui, reprit Emmie, ne plus voir Sika, voilà le pire pour toi, mon pauvre Marcel. Enfin, en tout cas, il nous faut aller chercher le maudit pantalon en Égypte, et d’ici là… qui sait !

Tibérade tressaillit au ton dont ces deux monosyllabes du doute et de l’espérance furent prononcés.

Il voulut demander à sa jeune cousine quel sens s’abritait sous cette phrase suspendue.

Il n’en eut pas le loisir. On heurta à la porte et avant même qu’il eût répondu, le vantail s’ouvrit au large, livrant passage au général Uko.

— Vous, général, s’exclama Marcel, vous arrivez à point. J’ai justement à vous parler très sérieusement.

— Vous voudrez bien me laisser commencer, fit le Japonais en riant. Je viens tout exprès pour converser avec vous.

— Je vous écouterai donc.

— Eh bien, mon cher monsieur, j’ai trouvé ce que je cherchais. Nous pourrons quitter Brindisi à destination de Port-Saïd, sous trois jours.

— Trois jours ? tant mieux.

— Attendez donc ; je ne tenais pas à perdre de temps. Or, sur le port de commerce, j’ai découvert devinez quoi ?