Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/134

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décidé à ne pas le conserver, mais je ne puis le rendre qu’à celui qui me l’a confié.

— Très bien, murmura Emmie, si légèrement que les causeurs ne l’entendirent point.

— Alors, vous refusez ? fit presque violemment Midoulet, surpris de la résistance imprévue de son interlocuteur.

Mais Tibérade ne s’émut pas le moins du monde de sa mauvaise humeur.

— Monsieur, prononça-t-il avec une dignité dont l’agent se sentit impressionné, conserver le pantalon serait une trahison ; mais le donner à un autre que mon commettant deviendrait une malhonnêteté. Ni traître, ni malhonnête, voilà ma devise. Donc, je vais à Port-Saïd. Je retire ma valise de la consigne, le pantalon de la valise et je la restitue au général Uko.

« Ceci fait, vous vous arrangerez tous deux comme vous l’entendrez. Je m’en lave les mains avec une pierre ponce… Pilate ; un point c’est tout.

À ces mots, Midoulet retrouva le sourire.

— Je n’en demande pas davantage, monsieur Marcel Tibérade ; et je serai heureux de signaler à mon service la façon délicate dont vous savez interpréter une obligation d’honneur.

Il salua courtoisement, gagna la porte, accompagné par le jeune homme, et sortit sur cette dernière phrase, politesse d’habitude qu’il prononça machinalement :

— Enchanté d’avoir fait votre connaissance.

À peine le battant était-il retombé, qu’Emmie faisait irruption dans la chambre de son cousin.

Et comme il la regardait, surpris de lui voir un air grave auquel la rieuse créature ne l’avait pas accoutumé, elle prononça :

— Marcel, je suis fière de toi ; tu es un homme.

— Parce que ?

— Parce que tu as trouvé la vraie solution.

Il plaisanta :

— Alors la petite souris approuve ?

— Complètement, fit-elle sans relever l’ironie enclose dans la question.