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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/140

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jeune, ainsi que je vous croyais encore tout à l’heure, vous vous diriez ceci : Pour se marier, il faut être deux ; deux qui se plaisent. Or, pour moi, il n’y a pas de doute ; Mlle Sika me plaît infiniment. Reste dons à savoir si elle me rencontre avec plaisir.

— Voilà le hic, soupira Tibérade dont le sourire s’effaça.

Mais vite, la fillette reprit :

— Tu es dans ton rôle d’homme modeste. Tu ne saurais répondre à la question.

— Alors ?

— Alors, je répondrai pour toi.

— Et tu diras ?

— Ah ! ah ! plaisanta la petite, ceci vous intéresse, monsieur mon cousin ; je suis sûre qu’à cette heure j’avance en âge ; j’ai plus de quatorze ans, n’est-ce pas ?

— Tu as surtout la manie des parenthèses. Je te ramène dans la voie. Que diras-tu ?

— Je suis bonne fille, je ne te ferai pas droguer davantage, je dirai donc…

La phrase commencée demeura suspendue.

Des coups timides venaient d’être frappés à la porte de la chambre voisine, réservée à Emmie.

— On frappe chez moi, dit-elle, je vais voir. Ne t’impatiente pas, je viens.

Elle avait disparu par la porte de communication, laissée entr’ouverte lors de son arrivée. Machinalement, Tibérade prêta l’oreille. Il entendit les pas légers de la fillette traversant la chambre, le claquement de la serrure, le glissement du battant tournant sur ses gonds.

Et soudain son cœur cessa de battre, un nuage s’épandit sur ses yeux. La voix assourdie d’Emmie arrivait à son oreille, et cette voix disait :

— Mademoiselle Sika ! Vous ?

Un chuchotement non perceptible suivit et de nouveau l’organe cristallin de la fillette :

— Vous avez pleuré. Si, si. À quoi bon le nier, vos yeux sont rouges…

Nouveau chuchotement auquel la petite répliqua :

— Vous pensez ! J’ai pleuré dans ma vie ; pas sou-