Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/145

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trons ». Neuf heures sonnèrent, le steamer se mit en marche, le frémissement de l’arbre de couche indiqua que l’hélice se vissait dans l’élément liquide avec une vitesse croissante. Pierre ne s’en émut pas une seconde, tout entier accaparé par la confection d’une boisson chaude pour la dolente et enchantée Anglaise.

Bref, la jolie malade s’endormit vers onze heures, sous l’œil vigilant de la pseudo-camériste, assise au pied de la couchette de la cabine.

Elle entra de suite dans un doux rêve, sans doute, car son visage marqua un sourire heureux. Ceci, accompagné d’une respiration régulière, dénotant le repos paisible, rendit à Pierre la faculté de penser aux réalités de la vie.

Il se souvint de l’emploi que les circonstances l’avaient obligé de prendre ; du même coup, l’image des Japonais se présenta à son esprit. En toute équité, il jugea qu’il était tenu de s’enquérir d’eux, pour la vraisemblance de sa situation.

Aussi, à pas feutrés, comme disent les Extrêmes-Orientaux, il quitta la cabine de mistress Honeymoon et se dirigea vers celles qu’occupaient le général Uko et sa fille Sika.

Aux portes closes, il appuya l’oreille. Aucun bruit ne lui parvint naturellement, puisque les propriétaires des chambres rentraient à cette heure a l’hôtel Cavour, sur la terre italienne.

Mais, ignorant ce détail important, Pierre conclut que les Japonais dormaient profondément. Tranquille de ce côté comme de celui de mistress Honeymoon, il regagna la cabine de seconde, à lui réservée, et se coucha en murmurant :

— C’est un ange !

De qui parlait-il, et comment cette évocation d’un génie ailé hanta-t-elle sa nuit ? Il n’est pas besoin de la clef des songes pour le deviner et juger que l’âme du voyageur involontaire ne jouissait plus du calme, que Pierre avait cru trouver dans le service du Mirific-Hôtel.

Le brave garçon, sous le coup des poursuites de la justice française, pour des crimes et délits qu’il