Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/165

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— D’accord, cela ne m’explique pas…

— C’est clair, pourtant, que le sieur Midoulet en personne soit dans le sillage ou dans le bateau, qu’est-ce que cela peut vous faire ?

L’officier eut un geste vague. La logique de la fillette le déconcertait. Il hésitait encore ; Emmie assura sa victoire.

— Ce fâcheux nous serait agréable pour une fois, en nous faisant gagner quarante-huit heures.

— Mais qui lui porterait une proposition pareille ? murmura Uko, avouant ainsi qu’il se rendait aux raisons de sa jeune interlocutrice.

— Est-ce que je ne suis pas là, général ?

Emmie était prompte de décision. Ni Tibérade, démonté par la combinaison devant écourter son séjour, auprès de Sika, ni le général encore hésitant, n’eurent le loisir de formuler une nouvelle objection.

Au pas gymnastique, la fillette s’élança sur le quai.

Où allait-elle ?

Pas bien loin. Elle avait aperçu Midoulet assis d’un air indifférent sur une borne d’amarrage, et qui feignait de s’absorber dans la confection d’une cigarette.

Elle le rejoignit. Surpris par son mouvement, l’agent s’était levé. Elle commença gaiement :

— Non, ne vous dérangez pas… Je viens en solliciteuse ; oui, je viens vous demander un service.

— Un service ? répéta-t-il interloqué. Un service à moi…

— Il n’y a que vous qui soyez en posture de nous le rendre.

Et convaincue :

— Vous comprenez que mon cousin a hâte d’être débarrassé de sa responsabilité, maintenant qu’il considère le vêtement du Mikado comme de mauvaise compagnie.

— Ça, je le conçois, plaisanta l’agent sans défiance.

— Aussi, l’idée de perdre deux jours dans ce pays crétois, pour que l’on remette notre moteur en état lui est insupportable.

— Qu’y puis-je ? Je ne saurais réduire le retard causé par un travail…