Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/183

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marquer que ni les uns ni les autres n’avaient compris la raison réelle des paroles de Sika.

Tibérade suivait le mouvement. Certes, la question qui divisait le général et l’agent lui était indifférente à cette heure.

Toute sa pensée se trouvait accaparée par le désir de rejoindre sa petite cousine disparue.

Ayant agi en père avec elle, il se sentait une âme paternelle pour la mignonne.

Tous quatre gravirent l’escalier accédant à l’administration, pénétrèrent dans le bureau de M. Dolgran qui, la face congestionnée, les cheveux ébouriffés, se promenait à grands pas dans la pièce.

— Qui encore ? rugit le fonctionnaire d’un ton vraiment peu parlementaire.

Sans un mot, Midoulet lui tendit sa carte.

À peine le chef de service y eût-il jeté les yeux, qu’il leva les bras en l’air dans un geste d’éloquent désespoir.

— Ah ! s’écria-t-il en même temps, vous venez pour…

— Pour les valises amenées de Brindisi par le Shanghaï.

— Vous ignorez donc l’incompréhensible incident qui s’est produit ?

— Quoi ? Qu’est-il advenu ?… s’écrièrent tous les voyageurs d’une seule voix.

L’Interpellé eut une aspiration profonde. Ses lèvres s’agitèrent sans proférer aucun son. Mais sa mimique embarrassée lança Uko sur la voie du désastre. Aussi d’un ton tragique et menaçant, il rugit :

— Vous n’avez plus nos valises ?

— Si ! Mais une aventure invraisemblable, dont je suis encore tout bouleversé !…

— Quelle aventure ? Expliquez-vous, au moins.

— Je ne demande pas mieux. Nous avons été volés ou plutôt vous l’avez été, ici, sous mes yeux.

— Volés ?

— Il y a une heure à peine, un mousse se présente, sous couleur de vérifier le contenu de vos valises…

— Mais nous n’avons envoyé personne !