Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/189

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Sika prit la missive d’une main tremblante.

Machinalement, elle remit une pièce blanche au porteur, qui s’éloigna avec un salut, dont le respect disait la satisfaction du pourboire reçu, et comme les compagnons de la jeune fille l’entouraient, questionnant :

— Qu’est-ce que signifie encore cette correspondance ?

Elle lut à haute voix, son organe faussé par une émotion soudaine :

------« À Mlle Sika, à bord du canot automobile n° 2, amarré dans le port.
----« De ma cachette, que la prudence me défend de désigner autrement, je vous envoie ce billet. Je ne cours aucun danger ; mais c’est à Beyrouth seulement que je pourrai vous revoir. Je vous y attends, car vous seuls saurez me délivrez. Affections de votre

« Emmie. »

C’était écrit au crayon, d’une écriture incertaine, comme si la fillette avait tracé ces lignes dans un lieu privé de lumière.

Interloqués, ahuris par cette nouvelle péripétie, aucun des voyageurs ne prit garde à un couple, qui s’était arrêté à quelques pas, et semblait s’intéresser vivement à la scène.

Et cependant les deux personnages qui le composaient eussent dû attirer les regards des intéressés.

Car ils n’étaient autres que la séduisante mistress Honeymoon et son associé, Pierre Cruisacq.

L’ex-Véronique avait repris ses vêtements masculins, ce qui explique la désinvolture avec laquelle il ou elle s’offrait aux yeux de ses anciens maîtres.

Comment se trouvaient-ils là ? Par quel concours de circonstances rejoignaient-ils si à propos ceux qu’ils poursuivaient à leur insu ?

Ceci était la conséquence logique du pacte conclu entre eux, à bord du Shanghaï, lorsque l’absence du groupe Uko leur fut démontrée.