Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/190

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La pseudo-Véronique, on s’en souvient, avait obtenu sans peine du commandant de descendre à Port-Saïd, avec les bagages du Japonais et de leurs amis.

Ce point acquis, mistress Honeymoon, Lydia de son prénom, déclara à Pierre, qu’une fois à terre, il redeviendrait le gentleman qu’il était avant son travestissement ; que tous deux descendraient dans l’hôtel le plus proche du débarcadère ; que la gracieuse Anglaise perquisitionnerait soigneusement dans les colis des voyageurs ; enfin que, ayant pris connaissance de ce que son gouvernement désirait savoir, on attendrait l’arrivée du général et de ses amis, pour leur remettre leurs baggage très honnêtement.

Après quoi, Pierre suivrait la gentille espionne en Angleterre, où elle le présenterait au Foreign-Office, lequel est une administration puissante, qui déciderait la justice française à ne pas inquiéter le citoyen Cruisacq, injustement accusé de complicité avec des faux monnayeurs assassins.

Il serait libre ensuite d’orienter sa vie à sa guise.

Cette conclusion lui avait arraché une exclamation dessolée :

— Libre ! Qu’en ferai-je de ma liberté ?

— Ce qu’il vous plaira, avait répliqué Lydia avec son plus doux sourire.

Ils saluèrent la terre avec ravissement en arrivant à Port-Saïd, jugeant qu’ils touchaient aux termes de leurs pérégrinations. Le destin moqueur étendait sur eux ses ailes décevantes, ils se montraient le léger cutter, qui amenait à bord le pilote chargé de guider le steamboat à travers le canal de Suez.

Ils allaient s’apercevoir que le petit navire portait en outre la fatalité.

Le pilote monta à bord, mais deux inconnus l’accompagnaient

L’un, tout de blanc vêtu, coiffé d’une calotte anglaise, sur laquelle des broderies d’or figuraient une guirlande de feuillages ; l’autre, raide, compassé, ayant l’apparence d’un employé supérieur d’administration.

Ces nouveaux venus se présentèrent au capitaine