Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais son récit ne fut pas accueilli aussi favorablement par mistress Honeymoon.

La petite Anglaise serra les poings, lançant d’un accent rageur des phrases entrecoupées :

— C’est un coup du Midoulet ! Il a câblé certainement. Notre perquisition est manquée, et tout au moins retardée ; et aussi notre départ pour l’Angleterre.

Il y eut une pointe de tristesse dans sa voix claire quand elle ajouta :

— Moi qui espérais la fin de cette existence errante !

Elle sembla se raffermir pour continuer :

— Enfin, ce sera dans quelque temps. Nous allons changer nos batteries. Monsieur Pierre, vous ne m’abandonnerez pas.

Et le sourire lui revint complètement sur la réponse que fit avec chaleur le jeune homme :

— Je n’en ai pas le moindre désir.

Bref, le paquebot ayant stoppé, Pierre et Lydia descendirent à terre, retinrent deux chambres dans Isthmus-Hôtel, deux chambres dont les larges croisées s’ouvraient sur l’embarcadère.

Après quoi, mistress Honeymoon se rendit chez l’officier de port ; de là, à la tente des Messageries Maritimes, distribua quelques pièces de monnaie à divers agents et rentra à l’hôtel dans les plus heureuses dispositions.

— Dès que les propriétaires des valises auront mis le pied sur le sol égyptien, dit-elle à Pierre, nous en serons avisés et nous prendrons les mesures nécessaires pour réparer notre échec momentané. D’ici là, nous n’avons qu’à nous promener. Un mot cependant. Tenez-vous beaucoup à votre emploi de femme de chambre ?

— Vous ne le croyez pas, répliqua son interlocuteur en riant.

— Bien. Alors, reprenez les vêtements de votre sexe.

— Je n’en possède pas.

— À deux pas existe un magasin de confections. J’y vais et vous fais envoyer le nécessaire.

Gravement, elle prit les mesures indispensables, les