Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/192

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L’officier était assis sur son cadre, avec, auprès de lui, les deux inconnus arrivés par le cutter du pilote.

— Mademoiselle, commença le commandant.

Pierre ne put réprimer un mouvement de surprise. On continuait à le prendre pour une camériste. Son déguisement demeurait donc impénétré. Mais alors que lui voulait-on ?

Il tendit son attention aux paroles qui allaient être prononcées.

— Mademoiselle, poursuivait le capitaine du Shanghaï, vous m’avez prié de vous déposer à Port-Saïd avec les bagages de vos maîtres et de leurs amis.

— En effet, commandant ; même vous avez reconnu l’opportunité de la mesure.

— Je la reconnais toujours, seulement…

— Seulement ?

— Les valises seront bien débarquées à Port-Saïd, mais non confiées à votre garde.

Du moment qu’il n’était pas soupçonné. Pierre retrouva son aplomb.

— Se défierait-on de moi ? s’écria-t-il. Je suis une simple servante, c’est vrai. Cependant personne ne saurait attaquer ma probité…

— On ne l’attaque pas, mademoiselle.

— Alors, je ne comprends pas.

— Je vous renseigne. Pour des motifs que l’ignore, monsieur le chef de la police de Port-Saïd — l’officier toucha de l’index l’épaule du personnage aux vêtements blancs — doit prendre livraison des colis en question et les déposer en consigne à la tente de la compagnie des Messageries Maritimes.

Il montra le second visiteur :

— M. Dolgran, chef du service, l’a accompagné à cet effet.

Puis se levant, afin d’indiquer que l’entretien était terminé :

— J’ai cru devoir vous informer, mademoiselle, et vous marquer ainsi la considération que votre conduite à bord vous a méritée.

Il n’y avait pas à insister. La fausse Véronique se retira, le cœur beaucoup plus léger qu’à son entrée.