Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/198

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Un chien de chasse, qui flaire la piste d’un lièvre, s’élance d’instinct à sa poursuite. L’agent fit de même et il se précipita sur les traces des deux promeneurs.

Il allait les rejoindre, quand ceux-ci s’arrêtèrent pour questionner un fellah, lequel se prélassait au soleil.

— Boy, demanda Lydia, où est l’agence des bateaux Port-Saïd-Mer Noire ?

L’autre grommela sans se déranger :

— Tout au bout du quai, à l’amorce de la digue.

Puis, se soulevant sur le coude, à la pensée soudaine que peut-être il pourrait tirer un profit de la curiosité des voyageurs :

— C’est loin, près d’un mille. Si c’est pour retenir des places, vous pourriez économiser vos pas.

— En faisant-quoi ?

— En vous rendant chez l’officier de port… ; là… la maison rose, à jalousies bleues. Il a le téléphone avec les agences.

— Merci.

— Vous lui direz que c’est Hassan qui vous a donné l’indication. Vous comprenez, lady ; pour le pauvre fellah, cela vaut un pourboire.

Lydia lui jeta-une pièce de monnaie.

— Le voici de suite.

Et elle entraîna Pierre vers la maison rose, sans s’occuper des bénédictions de forme coranique que l’Égyptien ne lui marchandait pas.

Midoulet n’avait pas perdu une des paroles échangées ; ses soupçons vagues avaient pris la consistance d’une certitude. Ces gens-là s’occupaient du vêtement du mikado. Des rivaux peut-être ?

À tout prix, il fallait les empêcher de s’embarquer et s’embarquer lui-même. Aussi, négligeant les précautions qui eussent ralenti ses mouvements, il se rua, à toutes jambes, vers l’habitation indiquée par le fellah.

Une exclamation modulée britanniquement accéléra encore sa course.

Lydia l’avait vu, avait deviné le but de Célestin, et n’avait pu retenir un cri de colère.