Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je préfère que vous vous conserviez en existence. Pour l’heure, rentrons à l’hôtel. Vous voudrez bien reprendre le vêtement de Véronique…

— Moi, pourquoi ?

— Pour vous présenter devant vos ex-maîtres japonais, leur dire qu’en les attendant ici, où vous ne les espériez pas avant une douzaine de journées, vous vous êtes engagé pour ce laps au service d’une Anglaise excentrique, que vous devez suivre demain matin à Beyrouth. Vous expliquerez que j’ai loué les sept dernières cabines du Parthénon. Eux, pressés de partir à la recherche de miss Emmie, diront leur déconvenue. Vous offrirez de me décider à céder quelques-unes de mes cabines.

— Je comprends… L’amazone se transforme en diplomate.

Elle menaça le jeune homme de son index effilé.

— Cessez ces appellations ; pour vous, je veux être Seulement mistress Honeymoon.

— Ce n’est point assez.

— Que prétendez-vous exprimer de la sorte ?

— Que guidé, sauvé par vous, chère mistress, le nom par lequel je vous désigne tout bas est celui-ci : Ma bonne fée Lydia.

Lydia murmura avec une timidité enjouée, tandis que des roses fleurissaient ses joues :

— Ami, une Anglaise pratique et raisonnable n’aime point l’illusion, qui est toujours une fausseté… Votre mot m’apparaît donc détestable. À présent, nous avons à mener à bien un devoir de loyalisme à l’égard de mon gouvernement, et par suite à l’égard de toute l’Europe. Nous reprendrons plus tard la discussion de votre illusion. Retournons à l’hôtel. En route, je vous répéterai mes instructions. À bord, je demeurerai dans ma cabine, car mes adversaires ne doivent pas m’apercevoir.

— Comment… prononça le jeune homme.

Elle ne le laissa pas continuer.

— Pour pénétrer les secrets des gens, il est bon de se masquer ; mieux encore, de ne se point montrer.

— Sans doute.

— Donc, vous seul, sous les espèces de Véronique,