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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/202

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vous pourriez vous laisser aller à une complaisance… Je compte sur vous. À tout à l’heure.

Midoulet s’était dressé, maugréant :

— Mille diables ! Avez-vous l’intention d’empêcher mon embarquement ?

La jeune femme, se tourna vers lui, et avec une amabilité narquoise :

— Naturellement, monsieur Midoulet. Je déplore 0e vous contrarier, mais vous me concurrencez sans nécessité aucune. Je tiens à assurer à l’Angleterre le succès en cette affaire, et par suite…

Elle saisit le revolver que l’officier de port avait replacé sur la table. À son tour, elle visa Célestin, tout en prononçant de sa jolie petite voix cristalline :

— Monsieur le capitaine du port, veuillez requérir des agents de la police locale et faire conduire ce gentleman dans la prison de ville.

— Moi ! rugit l’agent exaspéré.

— C’est un maniaque qui prétend entraver les desseins britanniques. La solitude, jusqu’à demain soir, dans une cellule étroitement surveillée, suffira sans aucun doute à faire naître en lui les réflexions sages indispensables à sa sûreté.

Avant que son interlocuteur, médusé par cette conclusion inattendue, eût esquissé un mouvement de révolte, l’officier de port, obéissant à une injonction émanant à ses yeux de l’administration anglaise, tira un son strident d’un sifflet d’argent. Quatre policemen locaux bondirent dans la salle à ce signal, saisirent Midoulet, lui passèrent les menottes, et l’entraînèrent au dehors, sur cet ordre :

— À la prison. Ne le relâchez que demain soir. Vous en répondez corps pour corps.

Pierre s’était laissé aller sur un siège, riant de tout cœur, jetant parmi les spasmes de son hilarité des lambeaux de phrases :

— Admirable !… Quelle amazone vous êtes, chère mistress… Une amazone pour qui je me ferais tuer avec joie.

Elle le regarda longuement, ses yeux bleus, tout à l’heure flamboyants, redevenus tendres, et lentement