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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/209

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tu devais recevoir des ordres nouveaux. Affirmerais-tu que la volonté de l’empereur n’est pas dans tout ceci ?

La question, triomphe de diplomatie féminine, troubla le général. Et comme rien ne froisse un papa comme de rester court devant sa fille, il rompit les chiens à son tour, consulta sa montre par contenance, et déclara :

— On a piqué sept heures. Allons dîner.

Personne ne fit d’objection. Tous gagnèrent la salle à manger.

Uko, Sika et Tibérade s’installèrent ensemble à l’extrémité de la table, tandis que celle qu’ils appelaient Véronique regagnait la cabine de Lydia, de cette mistress Robinson, jaillie de par la volonté de ruse de la jolie Anglaise. La fille de chambre supposée allait mettre son… associée au courant des conjectures échangées par les voyageurs, qu’ils suivaient en filature.

Cependant, Tibérade et le Japonais mangeaient du bout des dents, si absorbés par leurs pensées qu’ils ne s’aperçurent pas de l’appétit de la blonde et charmante Sika.

Évidemment, la jeune fille ne partageait pas leur anxiété, car son bon cœur ne faisait pas doute. Mais sa prudence naturelle fit que ses amis ne s’aperçurent de rien. Même avant que fussent servis les desserts, Uko s’était levé de table, sa fille l’imita aussitôt. Il voulut la faire rester :

— Je rentre dans ma cabine, expliqua-t-il.

— Moi aussi, fit-elle en écho.

— Une légère migraine.

— Moi aussi…

Peut-être le général allait-il s’étonner de cette concordance de névralgies. Mais une plainte de Tibérade aiguilla sa pensée dans une autre direction.

— Vous retirer aussitôt, murmura le jeune homme, très ennuyé de ce que la Japonaise, si agréable à contempler, fût sur le point de disparaître, le laissant seul pour la longue soirée.

Uko haussa les épaules.

— Qui dort oublie l’impatience. Une fois à Bey-