Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/219

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Il se replongeait dans une rêverie très douce, où sa pensée brodait des variations sur ce thème favorable : mistress Lydia est la plus exquise des mistress passées, présentes et à venir, quand, pour la seconde fois, il fut rappelé au sentiment des réalités.

Une main s’appuyait lourdement sur son épaule.

Une main, dans une cabine où l’on se sait absolument seul, il y a de quoi étonner un personnage même flegmatique.

Pierre ne put réprimer une sourde exclamation. Tout d’une pièce, il pivota sur ses talons et resta pétrifié, anéanti, médusé.

Midoulet, en chair et en os, se tenait debout devant lui, la main gauche encore posée sur l’épaule du jeune homme, la main droite serrant la crosse d’un revolver, dont le canon de bronze se dirigeait menaçant vers la poitrine du passager.

— Monsieur Midoulet !… Vous… Vous !… bégaya Pierre d’une voix indistincte.

Son Interlocuteur ricana avec une bonne humeur indiscutable :

— Moi, parfaitement… je n’ai aucune raison de le nier.

— Vous êtes donc sorti de prison ?

La question saugrenue accrut encore la gaieté de l’agent :

— C’est vraisemblable, vous le reconnaîtrez.

— Vous vous êtes évadé ?

— Inutile… Voyez-vous, monsieur Pierre, votre jeune et blonde amie a commis une faute. Quand on veut être assuré qu’un adversaire sera enfermé dans un cachot on l’y conduit soi-même, au lieu de confier ce soin à des subalternes.

— Vous avez acheté ces drôles ?…

— Pas même. Je me suis simplement réclamé du consul de France. Vingt minutes après mon arrestation, je fus remis en liberté sur l’expresse demande de ce fonctionnaire.

— Soit ! je comprends la liberté ; mais comment avez-vous pu entrer dans ma malle, en pleine mer ?

Un rire grinçant fusa entre les lèvres minces de l’interpellé :