Et ce fut le tour du général, de la fausse Anglaise, de la fille de chambre. Dans sa joie, Emmie leur serrait les mains, ne s’étonnant pas d’être l’amie d’une mistress qu’elle n’avait jamais vue avant ce moment (du moins, elle le croyait), oubliant la condition de Véronique, tout aussi bien que les ennuis passés.
Mais elle se souvint de sa chère compagne de voyage et, avec un peu de surprise, elle questionna :
— Qu’avez-vous fait de Mlle Sika ?
Alors seulement les interpellés s’aperçurent de l’absence de la blonde Japonaise.
— Elle nous suivait commença Uko…
— Ah ! bon ! Elle aura été arrêtée par la foule, je la verrai dans un instant ; j’avoue qu’elle manque à mon bonheur.
— En attendant, si l’on parlait un peu du pantalon !
La réflexion du général provoqua un accès de fou rire chez la fillette.
— Ah ! mon général, plaisanta-t-elle. Vous ne pensez donc qu’à cela ?
— Ma foi, oui, mademoiselle. Et ce faisant, je suis dans le rôle que me trace le devoir.
— C’est un devoir de tailleur à façon.
— De tailleur d’étrivières pour quiconque prétendrait s’en emparer, certainement, mademoiselle.
À ce moment, le manager, que ces discours n’intéressaient pas, intervint obséquieusement :
— Pardon, fit-il avec un accent anglais prononcé, je vous entends pâler d’une inexpressible chose, inexpressible parce que inconvenable, je pensais que vous veniez pâler de la grande caisse.
— La grande caisse ? répétèrent tous les visiteurs ahuris.
Nouvel éclat de rire d’Emmie, qui dompta son hilarité pour s’écrier :
— Je vais vous expliquer l’affaire ; sans moi, s’engageant de cette façon, l’explication pourrait durer longtemps.
Mais Uko coupa la phrase.
— Pour votre liberté, votre cousin suffit. Aussi je vous laisse vous expliquer, je vais aller à la recherche de ma fille. Elle a dû s’égarer dans ce dédale de couloirs, de boxes, de loges.