Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/245

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Tibérade tendit la main au Japonais :

— Allez, allez, général, votre souci nous apparaît naturel ; revenez vite avec Mlle  Sika, vous nous retrouverez ici.

L’interpellé ne se le fit pas dire deux fois. Il s’empressa de sortir.

— Maintenant, reprit gravement Emmie, voici la chose. J’ai enlevé le fameux pantalon à la consigne de Port-Saïd. Poursuivie, j’étais sur le point d’être prise, quand la Providence conduisit ma fuite en face d’une grosse caisse appartenant au cirque où nous sommes a cette heure.

— Ah ! la grande caisse, souligna Marcel, c’était une grosse caisse.

— Juste. Et aussi la cachette rêvée. Je m’y blottis ; mais pour entrer dans cette caisse… d’asile, je dus découper la peau d’âne.

— Tout devient clair, la carte à payer.

— Sur peau d’une, c’est aussi bien que sur vélin, n’est-ce pas ? Voilà la carte que me présenta ce bon master Palmiper, manager du cirque, lorsque, une fois en pleine mer, je crus pouvoir sans danger sortir de mon appartement sonore.

— Et ?…

— Il fut exquis, master Palmiper. Il me donna toutes facilités pour vous prévenir à votre arrivée à Beyrouth. Bien plus, pour ne pas me laisser le temps de m’ennuyer, il me fit travailler comme vous avez pu le voir. Je l’en remercie. Grâce à lui, je sais me promener au bout d’un fil comme une simple araignée.

Marcel fronçait bien les sourcils en toisant le manager, mais Emmie coupa cette menace en reprenant l’entretien :

— Pour l’Instant, fit-elle d’un air innocent, je redeviendrai libre dès que tu auras soldé la peau d’âne.

— Ah ! bien, bien !

Ramené au but de sa visite, le jeune homme interrogea avec un sourire :

— Master, à combien estimez-vous l’indemnité de logement de cette enfant ?

Le directeur s’inclina en manière d’approbation.

Sa face ronde, soucieuse jusque-là, s’épanouit, exprimant clairement cette idée réjouie :

— Enfin, nous allons dire des choses intéressantes.