Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/246

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Mais avec l’astuce du négociant, il reprit aussitôt l’air, le ton, le geste navrés, et ce fut dans un véritable gémissement qu’il prononça :

— Le grand caisse, il est hors d’usage totalement.

— Je n’y contredis pas, acquiesça Marcel sentant poindre le marchandage ; veuillez seulement me dire à quel prix vous évaluez le dommage.

Mais l’industriel ne pouvait se décider aussi vite. Il répliqua :

— Le prix, voilà. Il était dans l’état de neuf, pour ainsi dire. Il n’avait pas servi plus de dix fois.

— D’accord ; le prix ?

Le manager devait être de ceux qui ne prononcent un chiffre qu’au dernier moment, car il continua imperturbablement :

— Au cas où vous douteriez de mon affirmation, je vais envoyer chercher l’instrument musical.

— Inutile ! Le prix ?

— Il peut plus faire : boum ! boum ! puisque son peau, il est crevé.

— Mais combien en voulez-vous, à la fin ? Dites une somme.

Le directeur eut un sourire indulgent :

— Oh ! en affaires, gentleman, il faut rester quiets pour la discussion utile. Je vais dire une somme, vous pensez bien ; mais avant, un petit question ; vos êtes pas dans le commerce, le transaction commerciale ?

— Non, pourquoi ? murmura Tibérade, surpris par l’interrogation imprévue.

Le manager gonfla ses joues, puis avec importance :

— Si vous étiez dans le commerce, vous sauriez les peaux ont beaucoup augmenté ! L’âne devient rare… On n’élève plus.

— Cela m’est égal !

— Non, car les peaux d’âne sont hors de prix.

— Énoncez ce hors de prix.

Cette fois, l’Anglais jugea son interlocuteur suffisamment préparé à l’audition de ses prétentions, car il laissa tomber négligemment :

— En réclamant quatre cents francs, master, je vous assure une affaire d’or.

— À votre profit, master, je comprends, mais je ne discute pas. Voici le prix exigé.