million de pantalons semblables se promènent annuellement autour du globe.
Le général s’était levé.
Il tendit la main à son interlocuteur.
— Vous devez avoir raison, monsieur Arakiri. Je me conformerai à vos instructions, si insuffisantes qu’elles me paraissent. Je vais attendre l’ordre de départ, car je suppose que vous n’avez plus rien à me dire.
— Plus rien, mon général.
Arakiri se reprit vivement :
— Pardon ! excusez ma distraction. J’ai le devoir de vous donner le titre qui vous appartient désormais : M. le Ministre plénipotentiaire et ambassadeur extraordinaire.
— Extraordinaire est le mot le plus juste de ce titre, soupira Uko en se dirigeant vers la porte.
Mais l’attaché le retint encore.
— Un instant, général ! Voulez-vous avoir l’obligeance de me signer ce reçu ?
— Un reçu ?
— Certifiant la remise du pantalon. Simple décharge pour moi.
Un grincement de plume sur le papier. Le général a donné la signature demandée. Il sort, reconduit jusqu’au seuil par M. Arakiri, et, cinq minutes plus tard, il rejoint la blonde Sika, qui, dans l’antichambre, feuillette des revues illustrées.
— Tiens ! fait-elle, que portes-tu dans ce petit paquet ?
Le général tressaille. Il se penche à son oreille :
— Mignonne, c’est… un secret.
— Un secret !… Alors tu me le diras ?
— Impossible !
— Les militaires de ce pays prétendent que le mot impossible n’est pas français… J’espère que tu ne le naturaliseras pas japonais ?
Il sourit à l’enfant gâtée :
— Non, ma chérie. Mais je serai discret, uniquement parce que j’ignore le mystère.
— Quel mystère ?
— Je ne sais pas.